C’est avec horreur et consternation que nous avons pris connaissance des conditions dans lesquelles Madame Ilse Uyttersprot a perdu la vie dans un appartement d’Alost où elle se trouvait, volontairement, avec l’homme qui l’a tuée.
Que sa famille, ses proches, ses administrés et toutes les personnes qui l’appréciaient trouvent ici l’expression de nos condoléances les plus attristées.
Brillante, engagée, déterminante et pétillante de vie, la femme politique qu’elle était a été sauvagement assassinée par un homme en qui elle avait confiance ; un homme déjà condamné pour violences envers ses précédentes compagnes ; un récidiviste qui a écopé d’une peine de prison avec sursis… Et voilà la résultat. Aucun suivi, aucun traitement, aucune prise de conscience, et même un vernis de respectabilité qui lui a permis de croiser le chemin de sa dernière cible, une femme politique dans la fleur de l’âge qui n’avait rien d’une victime désignée.
Aujourd’hui, il faut que sa mort violente provoque un électrochoc et ouvre les yeux des responsables politiques sur ce fléau qui ravage la société belge : le féminicide est l’aboutissement d’un continuum de violences infligées aux femmes que la société tolère, par une complaisance coupable à l’égard des agresseurs et souvent, une indifférence si pas une méfiance inadmissibles envers les victimes.
Où est le plan d’action national contre les violences qui devait débuter en 2020 ?
Où sont les mesures préventives que la Belgique doit mettre en place pour satisfaire à ses obligations internationales ?
Nous, coupoles d’associations de femmes, avons à maintes reprises, et à tous les niveaux de pouvoir, informé les autorités des lacunes qui, tout au long de la chaine de prise en charge sociale et judicaire, protègent in fine les agresseurs et minimisent ou nient le vécu terrifiant des femmes et souvent aussi de leurs enfants.
La Belgique dépense des centaines de millions d’euros chaque année pour tenter de réparer les conséquences désastreuses des violences commises contre les femmes de notre pays. Nous demandons que ces montants soient investis en amont, pour mettre enfin en place les mesures de prévention, de protection et de poursuites définies par la Convention d’Istanbul et ratifiée par le gouvernement belge en 2015.
Que l’assassinat – d’une extrême violence – de Ilse Uyttersprot, mandataire politique, ancienne députée et bourgmestre, serve au moins à cela : faire de la lutte contre les violences envers les femmes une priorité nationale, comme nous le demandons depuis des mois et des années !
Sylvie Lausberg
Présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique
Magda De Meyer
Voorzitter van de Vrouwenraad