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C’est avec horreur et consternation que nous avons pris connaissance des meurtres d’Ann Lawrence Durviaux et Nathalie Maillet, avoués par Franz Dubois, mari de cette dernière.
Que leur famille, proches, collègues et toutes les personnes qui les appréciaient trouvent ici l’expression de nos condoléances les plus attristées.
Nathalie Maillet était directrice du circuit de Spa-Francorchamps tandis qu’Ann Lawrence Durviaux était avocate au barreau de Namur, professeure à l’Université de Liège et vice-doyenne de la faculté de droit. Elles ont été victimes de féminicides : parce que femmes, et parce que dans une société traditionnellement patriarcale les femmes appartiendraient aux hommes…
Une fois de plus, un homme n’a pas supporté que « sa » femme agisse librement, décide de sa vie : il a préféré tuer celles qui s’aimaient avant de se suicider. Ce double meurtre révèle également la lesbophobie que subissent les homosexuelles de la part d’hommes qui considèrent que celles-ci sont assignées à leur désir et à leur domination.
L’été dernier, l’assassinat atroce d’Ilse Uyttersport, ancienne bourgmestre d’Alost, provoquait un électrochoc sur ce fléau qui ravage la société belge. De nombreux responsables politiques s’engageaient alors à lutter contre les féminicides, qui le plus souvent signent dans le sang l’aboutissement d’un continuum de violences infligées à des dizaines de milliers de femmes dans notre pays. Et que la société tolère, par une complaisance coupable à l’égard des agresseurs doublée d’une indifférence – et très souvent aussi – d’une méfiance inadmissible envers les victimes.
Le Conseil des femmes francophones de Belgique a, à maintes reprises, et à tous les niveaux de pouvoir, informé les autorités des lacunes qui, tout au long de la chaine de prise en charge sociale et judicaire, protègent in fine les agresseurs et minimisent ou nient le vécu terrifiant des femmes et souvent aussi de leurs enfants.
La Belgique dépense des centaines de millions d’euros chaque année pour tenter de réparer les conséquences désastreuses des violences commises contre les femmes de notre pays. Nous demandons que ces montants soient investis en amont, pour mettre enfin en place les mesures de prévention, en ce compris la détection précoce des violences ainsi qu’une protection rapide et efficace des victimes, selon la Convention d’Istanbul.
S’inspirer aussi des tribunaux espagnols qui ont réussi en 15 ans à inverser la courbe des féminicides, à mettre fin à l’impunité des agresseurs et à donner confiance aux victimes, désormais soutenues et accompagnées dans leurs plaintes et leur parcours.
Que ces assassinats, dont on ne connait même pas le nombre exact puisque la Belgique ne respecte pas son obligation de tenir des statistiques genrées en matière de violence, servent au moins à cela : faire de la lutte contre les violences envers les femmes une priorité nationale, comme nous le demandons depuis des mois et des années !
Sylvie Lausberg
Présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique