Sylvie Lausberg a rendu hommage à Jacqueline Wigny de Groote dans ce discours prononcé le 10 novembre 2018.
« Bonjour à toutes et tous et merci à la famille de Jacqueline Wigny de Groote de permettre au Conseil des femmes, à travers ma voix, d’être présent à vos côtés aujourd’hui.
En préparant cette intervention il me semblait paradoxal de rendre hommage à une femme que je n’ai pas connue personnellement ; à la réflexion, elle a pourtant jalonné un parcours féministe, nourri dès l’adolescence par les indispensables cahiers du GRIF co-fondés avec Françoise Collin en 1973. A la lecture de ses prises de position, le constat saute aux yeux: elle fut une pionnière dans des combats malheureusement encore d’actualité : lutte contre le viol, conciliation vie professionnelle et familiale, place des femmes aux postes de décision, ou encore, ce qui lui valut quelques déboires, la place des hommes dans les combats féministes. La ligne de force indissociable des combats féministes est l’accès à des formations de qualité, objectif du Centre Féminin d’Education permanente dont elle assurera la présidence, à la suite de sa maman Lily qui fut, elle aussi, présidente du conseil des femmes. Cet engagement associatif est conditionné par une époque où se déclarer féministe exposait à des quolibets alors même que le travail qu’elle fournit est celui d’une grande intellectuelle, économiste lettrée, quadrilingue et en perpétuelle recherche. Sur le plan international, elle s’est battue pour mettre en place des solidarités avec les femmes du continent africain et a représenté la Belgique à l’historique Conférence de Pékin sur les droits des femmes en 1995, active aussi au Lobby européen des femmes qui reste un partenaire actif du Conseil. Vous le constatez, les mouvements féministes actuels doivent énormément à Jacqueline Wigny de Groote. C’est pourquoi aujourd’hui je voudrais exprimer publiquement notre gratitude et notre reconnaissance. Mais il n’est pas de reconnaissance sans connaissance, c’est pourquoi, au nom du conseil des femmes, je prends l’engagement de contribuer à la diffusion de son oeuvre. Une œuvre pour les droits des femmes, inscrite déjà dans les archives, mais qui doit l’être maintenant dans les mémoires. Une œuvre qui reste vivante notamment grâce à ses filles. Julie, bien sûr, dont je voudrais souligner l’action au parlement bruxellois sur les questions féministes et plus généralement de discriminations, vivante aussi dans le travail d’historienne de sa petite-fille Alice, avec qui j’ai eu la joie de travailler.
Jacqueline Wigny est là dans le travail accompli et dans celui que nous continuerons à mener en lui faisant une place dans notre cœur et dans notre Histoire. Au nom du Conseil des femmes je vous adresse toute notre empathie en cette période de deuil. Nous ne pouvons adoucir votre peine, mais nous pouvons continuer à faire vivre la pensée audacieuse de Jacqueline Wigny de Groote, porteuse d’une ambition philosophique et politique dont nous tenterons d’être dignes. »