Procès Carine GILSOUL à Liège : un cas emblématique du continuum des violences dans un parcours de vie de femme

Communiqué de presse

Le procès de Carine Gilsoul a commencé lundi à la cour d’assises de Liège. Cette femme, âgée de 54 ans et sans-abri au moment des faits, est accusée du meurtre de Patrick Vos, son compagnon qui la battait. Un parcours de vie jalonné par des violences sexuelles perpétrées par son père de ses 12 à 18 ans, l’abandon d’une mère qui lui laisse la charge de ses frères et sœurs pendant qu’elle boit au bistro, une tentative de fonder une famille avant que les traumatismes ne la précipitent dans le sans-abrisme avec un compagnon violent…

Ce continuum des violences est détaillé dans de nombreuses études qui en décryptent les mécanismes. C’est pourquoi le Conseil des Femmes Francophones de Belgique déplore le fait que les expert.e.s proposé.e.s par la défense de Mme Gilsoul aient été récusé.e.s car supposé.e.s « de parti pris ». Leur expertise est pourtant indispensable à la bonne compréhension de ce fléau que constitue la violence entre partenaires, ainsi que du phénomène d’emprise qui empêche la plupart des femmes victimes de violences de quitter leur agresseur. Rappelons qu’une femme sur trois en Belgique a subi des violences physiques à partir de l’âge de 15 ans.

S’ajoute ici la dimension du sans-abrisme, qui a un impact particulier sur les femmes puisque l’espace public est réfléchi par et pour les hommes, et que sans domicile et sans protection, les femmes y sont soumises à des violences spécifiques. Cette double-peine subie par les femmes sans-abri devrait également pouvoir être prise en compte pour comprendre comment et pourquoi une femme qui a été violentée durant des années en arrive à une telle extrémité.

Le CFFB recommande encore et toujours la formation et la sensibilisation de toute la chaîne socio-judiciaire aux violences sexistes, qu’elles soient physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques. Nous saluons à ce sujet le vote de la loi du 31 juillet 2020 sur la formation approfondie en matière de violences sexuelles et intrafamiliales que devront bientôt suivre les juges et les magistrats. Elle arrive pourtant trop tardivement et n’est pas encore, à notre connaissance, réellement d’application. Cette formation devrait en outre concerner chaque acteur et actrice de la chaîne socio-judiciaire et être assortie de réels moyens financiers pour la prévention des violences. Au risque de nous répéter, il est grand temps que la Belgique se conforme intégralement aux obligations auxquelles elle a souscrit en ratifiant, en 2016, la Convention d’Istanbul pour l’élimination des violences envers les femmes.

Personne de contact :
Sylvie Lausberg
Présidente du CFFB
s.lausberg@cffb.be