La prise en charge des victimes de violences évolue

« Amnesty International demande depuis longtemps des changements en ce qui concerne la prise en charge des victimes de violences sexuelles par la Police.

Olivier Slosse, actuel chef de la zone de police de Bruxelles-Nord et ex-chef de projet pour la police du Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) de Bruxelles, a accepté de répondre à nos questions quant à ces évolutions.

QU’EST-CE QUI A CHANGÉ DANS LES CPVS ET LES COMMISSARIATS ?

Dans les CPVS, grâce à l’implication de personnels formés, certaines procédures sont mises en place pour donner un rôle actif le plus rapidement possible à la victime. En matière de plainte par exemple, une victime accueillie dans un CPVS peut décider de déposer plainte immédiatement ou se donner un temps de réflexion. Ceci était déjà possible auparavant, mais grâce au CVPS, le temps que les victimes ont pour réfléchir n’entraîne pas de conséquences négatives : les éléments médico-légaux de preuves sont stockés et peuvent être activés si la victime décide de déposer plainte plus tard.

Ces évolutions me semblent importantes car il ne faut pas sous-estimer l’impact que le trajet judiciaire peut avoir sur une victime. C’est un parcours dans lequel elle doit pouvoir s’engager en connaissance de cause et avec du soutien. De plus, donner ainsi un rôle actif le plus rapidement possible aux victimes est la meilleure façon, selon moi, d’entamer le trajet du statut de victime, plus passif, à celui de survivant⋅e, plus actif.

Par ailleurs, l’amélioration de la qualité du premier accueil a un effet positif sur les victimes. Le fait qu’on écoute d’abord le récit complet permet d’avoir des dépositions plus précises pour lancer une enquête.

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LE COMITÉ P (ORGANE DE CONTRÔLE DES SERVICES DE POLICE) DÉCRIT UN DÉSINTÉRÊT DES POLICIER·ÈRES POUR LES FORMATIONS RELATIVES AUX VIOLENCES SEXUELLES. COMMENT Y REMÉDIER ?

Il y a simplement trop de choix de formations, et assez logiquement, l’attention va vers les nouvelles technologies que l’on utilise, ou vers l’armement, car c’est urgent pour la fonction. Une partie du problème est que, si une formation thématique n’est pas obligatoire, elle attirera un public déjà sensibilisé. Bien que ces personnes puissent être des ambassadrices auprès de leurs collègues, il faut néanmoins viser tout le monde. C’est un domaine dans lequel il faut parfois rendre certaines choses obligatoires, voire penser à des modules plus légers, varier les formats et les adapter aux publics cibles.

UN MANQUE DE COLLABORATION ENTRE LA POLICE ET LES ASSOCIATIONS PERSISTE. COMMENT RÉSOUDRE CE PROBLÈME ?

Ce n’est pas un champ facile à manier pour les policiers. Il est plus intéressant que le·la policier·ère puisse réellement savoir vers quelle association il renvoie que simplement en connaître les coordonnées. Pour améliorer cette collaboration, il faut intégrer cette dimension dans la formation pluridisciplinaire. »

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