Recommandations de la commission enseignement du CFFB pour la mise en œuvre de la réforme de la FIE (2022)

La question du genre représente un enjeu sociétal majeur et correspond à une demande des étudiant·e·s et des enseignant·e·s mêmes. Le Décret qui va être mis en œuvre cette année sera l’occasion d’intégrer dans la formation non pas un thème nouveau mais une approche, une perspective, un questionnement susceptibles d’enrichir les méthodes, contenus et formes d’évaluation de cette formation. Intégrer cette question, qui s’articule à celle de la diversité dans une relation intersectionnelle, permettra plus de justice sociale et donnera aux enseignant·e·s des savoirs en genre ainsi que des compétences indispensables pour accomplir leur mission (capacité d’autoréflexion, empathie et esprit critique).

La commission enseignement du CFFB recommande :

1. d’intégrer dans la formation de base obligatoire et commune aux futur·e·s enseignant·e·s un cours destiné à apprendre à questionner ses propres représentations sexistes, racistes, homophobes,… En effet, la prise de conscience du sexisme (ou du racisme ou de toute forme de discrimination envers les minorités) permet d’adopter une nouvelle posture plus égalitaire avec les élèves. Plus précisément, il est indispensable de fournir aux enseignant·e·s des outils pour :

– Identifier – dans leurs propres représentations conscientes ou le plus souvent inconscientes – les idées, conceptions, préjugés, stéréotypes sexistes qui semblent se fonder sur des évidences (la complémentarité des sexes, la nature féminine…) ou qui sont insuffisamment perçus (la prédominance masculine dans la culture; les traitements différenciés des élèves en fonction de leur sexe…);

– Analyser le contexte dans lequel ces idées ou ces faits même statistiquement avérés se construisent (les filles «scolaires» et les garçons perturbateurs…).
Un tel cours intitulé «Approches théorique et pratique de la diversité culturelle et de la dimension de genre» avait été instauré par le Décret de 2005 organisant la formation initiale des enseignant·e·s du préscolaire, du primaire et du premier cycle du secondaire.
Ce cours ne figurant plus dans le Décret actuel, il est à craindre que des heures dédiées à l’enseignement du genre ne relèvent plus que de la volonté d’enseignant·e·s, c’est-à-dire d’une situation ponctuelle et non d’une intégration structurelle.

2. d’intégrer la perspective de genre dans l’élaboration des référentiels quelles que soient les disciplines concernées, mais plus particulièrement celles qui relèvent de la sociologie, psychologie, histoire, droit, sciences économiques, santé, etc. Ainsi, la dimension de genre devrait s’intégrer dans la didactique de chaque discipline même (et peut-être surtout) des STIM (Sciences, techniques, informatique et mathématiques) puisque ce sont les disciplines où les inégalités sexuées se manifestent le plus fortement.

Ceci implique

-d’organiser à l’intention de tous les groupes de travail une sensibilisation aux études de genre en tant qu’outil critique d’analyse des savoirs ;
-de prendre connaissance au sein de chaque groupe de travail de la littérature scientifique en matière d’enseignement et genre, à tout le moins les ouvrages de base ;
-de s’assurer de la collaboration à tout groupe de travail d’une personne ayant une expertise en genre.

3. de prendre en compte l’EVRAS de manière transversale dans tous les axes de formations comme le stipule le Décret du 2 décembre 2021 modifiant le décret du 7 février 2019 définissant la FIE en son article 5, §1er, 3°, g).

4. de diffuser et d’accompagner l’outil créé par la DEC, pour le moment en voie d’actualisation, qui vise à introduire la dimension de genre et à déconstruire les représentations sexuellement stéréotypées dans la formation des enseignant·e·s. C’est le module de sensibilisation et de formation initiale et continuée des (futur·e·s) enseignant·e·s intitulé « Filles-Garçons : Une même école? » Voir le site de la DEC. http://www.egalite.cfwb.be/index.php?id=12431

5. de développer et faire connaitre un réseau de formateurs et formatrices en genre. Ces personnes expertes en genre existent déjà en nombre suffisant ; elles enseignent dans le cadre du master de spécialisation en études de genre et dans divers certificats en genre et sexualité organisés par les universités.

La commission enseignement du CFFB se tient à la disposition des différents groupes de travail pour contribuer, dans la mesure de son expertise, à mettre en œuvre une approche genre au sein de la formation des enseignant·e·s.