Ce lundi 28 septembre, nous nous sommes réunies devant le Palais de Justice à Arlon afin de nous préparer à la manifestation pour le droit à l’avortement. Ce droit fondamental – bien que souvent considéré comme acquis – est loin de l’être totalement, et encore moins partout dans le monde.
Notre costume de la journée : une cape rouge avec une capuche, tirée tout droit de la série « Les servantes écarlates » réalisée d’après le roman de Margaret Atwood (The Handmaid’s Tale). Dans ce dernier, l’auteure représente une société patriarcale dystopique dans laquelle les femmes sont au service de la société – et donc des hommes – et n’ont pas le libre choix sur leur corps. Cette fiction dystopique est poussée à son apogée en termes de droits des femmes.
En effet, ces dernières sont non seulement privées de leurs droits, mais en plus, leur seule fonction est d’être mères porteuses des hommes puissants. Nous sommes alors bien loin du « mon corps, mon choix », ou même du droit à l’avortement. Pour cette raison, défiler en servantes écarlates représente parfaitement ce combat que nous menons pour l’accès et le droit à l’IVG – pour toutes les femmes, dans le monde entier.
Alors que nous revêtons nos capes et nous munissons de nos pancartes, les forces de l’ordre veillent au bon déroulement de ce rassemblement. Sont présentes sept manifestantes et une journaliste de La Meuse. Nous commençons donc notre marche silencieuse, en alternant défilé en cortège et pauses statiques. Il est alors 12h30 – sortie des écoles pour le temps de midi. De jeunes élèves se regroupent en nous regardant intrigués, prennent des photos, lisent les panneaux. Au loin, un groupe de jeunes garçons commence à rire, en nous regardant. « Retournez à la cuisine », « C’est pas demain la veille que les femmes auront des droits », « Rentrez chez vous » sont des paroles parmi d’autres qui nous ont ensuite été adressées, tandis que nous étions silencieusement postées sur les marches du Palais de Justice. Nous décidons alors d’aller à leur rencontre, pour entendre leurs arguments. Nous les encerclons partiellement afin de les confronter. Ils se calment alors très rapidement et commencent même à nous interroger timidement. Nous répondons donc en groupe à leurs questions : « c’est quoi en fait ‘IVG’ ?», « c’est pas déjà légal en Belgique ? ». Ils finissent par nous féliciter pour ce rassemblement, en appuyant que notre combat est indispensable à une société libre. Nous pensons donc avoir réussi notre mission de sensibilisation. Ce rassemblement se termine autour d’une assiette de pâtes, en débattant toujours du droit à l’avortement et du féminisme en général.
Louise Tytgat – Octobre 2020
Merci à Emilie Porembska, Florence Petry, France Dath, Iseult Fagny, Laura Wilders et Margaux Demuysere d’avoir participé à cette action défendant une cause si importante à mes yeux qu’est le droit à l’avortement.