Djemila Benhabib est née en Ukraine en 1972 d’une mère chypriote grecque et d’un père algérien, Djemila Benhabib a grandi à Oran en Algérie dans une famille de scientifiques engagée dans les luttes politiques et sociales.
La mixité, elle l’assume et la défend, d’abord avec ses mots d’enfant puis, plus tard, avec ses choix de femme.
Curieuse de tout, à l’école, elle questionne, interroge et interpelle…jusqu’à l’existence de Dieu. C’est déjà l’outrage, l’injure, l’hérésie et le blasphème. On ne la condamne pas mais presque. Désormais, elle sait qu’il existe des « vérités absolues » et qu’il y a un prix à payer pour un mot de travers. C’est dans ce contexte qu’est née cette soif de liberté impulsée par un vent de révolte profond.
La nécessité de se battre individuellement et collectivement s’impose dans sa vie d’une façon naturelle. L’engagement de ses parents au Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS) déteint sur elle. Et c’est par le truchement de sa militance au sein du même parti qu’elle défend ses idéaux de liberté, d’égalité et de justice sociale.
Au tout début des années 1990, cette aspiration s’éloigne peu à peu. Une nouvelle réalité s’impose. Le FIS et ses armées sont à la porte du pouvoir. Les crimes les plus barbares ne sont plus de simples menaces. Le FIS met a exécution sa promesse d’islamiser le pays par le feu et par le sang. La société civile résiste et se mobilise. Prise dans cette ferveur d’espérance, Djemila participe à l’organisation d’immenses marches, d’un bout à l’autre du pays. Les menaces contre elle et sa famille sont de plus en plus insistantes. En janvier 1994, une lettre de condamnation à mort est adressée à sa famille portant le sceau du Front Islamique pour le djihad armé (FIDA), organisation islamiste affiliée au Front islamique du salut chargée d’assassiner les intellectuels.
Quelques mois plus tard, sa famille se réfugie à Saint-Denis en région parisienne. C’est une nouvelle page qui s’ouvre. En travaillant à Stains, dans une cité <<chaude>>, elle découvre les ravages de l’islamisme politique sur les jeunes maghrébins de banlieues et l’état de délabrement du tissu social. Par ailleurs, elle réalise que, même en France, le code de la famille imposée aux Algériennes, en 1984, les rattrape par le biais d’ententes bilatérales entre les deux pays. A Paris, elle s’engage à fond dans la coordination des associations de femmes qui militent en faveur de l’abrogation du code la famille.
En 1997, elle boucle encore une fois sa valise; cette fois-ci elle part pour le Québec, seule, où elle obtient le statut de réfugiée politique trois mois après son arrivée. Elle obtient une bourse, prépare une maîtrise en physique et 3 ans plus tard, elle s’inscrit à la maîtrise en sciences politiques et en droit international. En parallèle à ses études, elle devient correspondante permanente au Canada pour le journal francophone algérien El-Watan et fait de nombreux reportages à travers le monde, notamment au Moyen-Orient.
En 2003 et 2004, elle travaille au parlement canadien. En 2009, elle se fait connaître en publiant son premier essai Ma vie à contre-Coran, une femme témoigne sur les islamistes.