
« IVG=crime », « L’IVG arrête un cœur et en brise un autre » : Ces tags énormes sur les murs de LLN, non loin de la Grand Place et du planning « Aimer à LLN » qui pratique l’avortement, prouvent que les opposants à l’IVG ont repris leur honteuse campagne contre les femmes, alors que les académiques, scientifiques et représentants politiques ont tout en main pour améliorer l’accès à cet acte médical aussi fréquent et bénin.
Outre le caractère violent et culpabilisant de ces actes de vandalisme, rappelons encore et toujours la vérité des faits sur l’interruption volontaire de grossesse. L’IVG ne brise aucun cœur puisque les femmes qui y ont recours le font par choix et en toute liberté. Ce qui est susceptible de briser leur cœur n’a rien à voir avec une pseudo-contrainte à avorter, mais coïncide en revanche, avec le tabou qui plane encore aujourd’hui sur l’IVG, alimenté par toute une série de discours fallacieux et faussement moralisateurs. Rappelons aussi qu’en Europe, dans les pays catholiques qui interdisent l’avortement comme à Malte, ou avant 2018 en Irlande, les médecins sont prêts à laisser mourir des femmes enceintes sous leurs yeux, refusant d’intervenir pour les sauver parce que leur grossesse se passe mal. Là est le crime et le CFFB veut insister sur le caractère faussement moral de ces acharnés anti-IVG. La misogynie et le sexisme sont les moteurs principaux de ces « père-la-morale » qui n’ont de cesse de nous assigner à maternité, sous couvert de mieux savoir que nous, ce que nous voulons ou pas.
Les auteurs veulent nous faire croire qu’ils sont du « bon côté » et ne font que défendre le droit à la vie, mais de quelle vie parle-t-on ? Devons-nous encore rappeler qu’environ 40 000 femmes – souvent déjà mères – meurent chaque année des suites d’une grossesse non-désirée ? Que vaut leur vie, ou celle de leurs orphelins, aux yeux de ces croisés anti-IVG ? Défendre la vie, ce n’est pas s’ériger en censeur, mais défendre pour toutes le droit de vivre dignement et dans des conditions favorables au maintien d’une bonne santé.
Somme toute, ce n’est pas un hasard si une telle violence à l’égard des femmes et du droit à l’IVG se manifeste alors même que le rapport unanime des experts s’est récemment prononcé sur la nécessité d’améliorer les conditions d’accès de cet acte médical. Ceci démontre, une nouvelle fois, toute la fragilité d’un droit qui n’est que partiellement acquis en Belgique.
C’est pourquoi, le Conseil des Femmes Francophones de Belgique tient à manifester sa solidarité envers les jeunes qui étudient à LLN, mais aussi envers toutes les femmes, les soignants et les institutions médicales ciblés par ces attaques.
L’IVG doit enfin être un droit à part entière, et nous comptons sur les parlementaires pour faire respecter l’égalité entre femmes et hommes en garantissant le droit des femmes à planifier leur vie familiale et leur vie tout court. L’égalité est un droit constitutionnel et un principe fondamental de l’État de droit, sur lequel il est intolérable de vouloir revenir.
Pour le Conseil des Femmes Francophones de Belgique,
Sophie Rohonyi
Présidente