Ces allocations d’insertion ne sont pas synonymes de générosité. Elles sont le pendant d’un accès au chômage sur base de l’emploi qui est parmi les plus exigeants des pays de l’OCDE : dans un contexte de flexibilisation croissante de l’emploi (temps partiels, contrats à durée déterminée, intérims, titres-services…), de nombreuses personnes dont une majorité écrasante de femmes n’accèdent jamais au chômage sur base du travail.
De plus, rappelons que cette réforme s’ajoute au renforcement de la dégressivité des allocations de chômage sur base de l’emploi en 2012, qui touche déjà les femmes d’une manière particulière.
De plus, ces mêmes personnes demandeuses d’emploi courent toujours le risque d’être exclues des allocations dans le cadre de la procédure d’activation de la recherche d’emploi.
Et par ailleurs, un certain nombre de travailleurs à temps partiel (là encore essentiellement des femmes) bénéficiant d’une allocation de garantie de revenus risquent de perdre cette dernière.
L’analyse de la FGTB wallonne éclaire encore mieux cette catastrophe puisqu’environ 25% de tous les futurs exclus sont en réalité des femmes cheffes de ménages, c’est-à-dire qui ont une famille à charge. Plusieurs milliers de femmes seules avec enfants vont donc se retrouver obligées de recourir à l’aide sociale via le CPAS. Plus nombreuses encore, les cohabitantes vont se retrouver dans des situations de grande dépendance financière vis-à-vis de leurs parents ou de leurs compagnons, ce qui met à mal leur autonomie.
Nous appelons cette situation une discrimination indirecte à l’égard des femmes, ce qui est contraire aux législations en vigueur dans notre pays. Nous regrettons une fois de plus que le principe de gender mainstreaming n’ait pas été appliqué en amont de la réforme du chômage dans son ensemble et tout particulièrement à celle concernant les allocations d’insertion. Nous rappelons donc l’importance de concerter systématiquement les organisations de femmes sur des réformes socioéconomiques ayant des conséquences aussi importantes.
La Plate-forme féministe socioéconomique appelle également au retrait pur et simple de cette mesure.