Le 5 octobre , jour du vote à La Chambre, ensemble, le Conseil des femmes et ses associations comme l’Université des femmes,la fédération de planning des FPS et le Vrouwen Raad nous avons silencieusement montré notre désapprobation devant le siège du gouvernement quant au texte qui allait voter le soir même. En effet, comme notre communiqué l’explique, il s’agit d’un texte concocté au sein des partis de la majorité pour satisfaire les partenaires de gouvernement opposés à la libéralisation de l’IVG.
A propos de la proposition de loi de la majorité concernant l’IVG discutée et votée le 5 octobre en séance plénière de la Chambre
Ce jour fera date dans l’histoire des femmes et du féminisme en Belgique. C’est pourquoi, afin que notre message reste associé à ce vote, nous réitérons formellement les recommandations formulées en commission de la Justice de la Chambre le 6 juin 2018 par les deux associations coupoles, qui regroupent les mouvements de femmes francophones et néerlandophones de Belgique :
Tous les experts, sauf un, ont démontré qu’une femme qui est décidée à demander une IVG souffre inutilement quand on l’oblige à attendre encore une semaine avant l’intervention. Les femmes qui hésitent face à une grossesse inattendue prennent le temps de réfléchir et n’ont pas besoin que le législateur leur dise pendant combien de temps. C’est infantilisant. De même, la spécialiste de l’adoption a démontré que proposer à la femme qui demande une IVG de poursuivre la grossesse pour donner l’enfant à l’adoption est totalement hors sujet. Les femmes ne sont pas des ventres, mais des sujets à part entière qui ont le droit de décider d’être mère ou pas, quand et avec qui.
Sur la question qui fâche, celle du délai légal pour avorter, notre position est claire : l’IVG devrait être autorisée sur demande de la femme enceinte jusqu’à la 18e semaine de grossesse ; pour les grossesses entre 12 et 18 semaines, l’intervention doit de toute façon avoir lieu dans un hôpital avec des équipes formées. Rappelons qu’en moyenne les femmes belges interrompent leur grossesse vers la 7e semaine. Les demandes au-delà de 12 semaines concernent des femmes confrontées à d’énormes difficultés, souvent des moments de vie où tout bascule. Alors que l’arrivée d’un enfant ne ferait qu’aggraver encore leur situation, qui s’autoriserait à forcer ces femmes à poursuivre une telle grossesse ? Aujourd’hui, elles sont envoyées à l’étranger et on pratique la politique de l’autruche au lieu de mettre en place des procédures pour les accompagner et les aider. De même, jusqu’à présent, la loi ne prévoit pas une extension du délai pour les femmes victimes de viols et de violences. Ce n’est pas normal quand on connait les chiffres effrayants du nombre de viols – #100parjour – en Belgique dénoncés par l’ancienne secrétaire d’Etat Elke Sleurs (NVA).
Enfin, prévoir des peines de prison pour une femme qui aurait dépassé la limite de 12 semaines est totalement inacceptable et supposerait de revenir à une époque où, pour éviter de telles sanctions, les femmes seraient tentées de recourir à des avortements clandestins. Il est totalement incompréhensible qu’en 2018 on en soit encore là !
Sylvie Lausberg
Présidente