Les appels se sont multipliés durant le week-end et lundi pour que l’Europe intervienne face à la volonté de la Pologne de se retirer de la Convention d’Istanbul, un texte du Conseil de l’Europe qui vise à lutter contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et contre la violence domestique.
Si le gouvernement conservateur nationaliste de Mateusz Morawiecki, du très à droite PiS (Parti Droit et Justice), passe à l’acte et « dénonce » la Convention, « l’Europe devrait fermer le robinet », plaide lundi l’eurodéputée écologiste belge Petra De Sutter (Groen, groupe des Verts/ALE). Datant de 2011, la « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique », plus familièrement appelée « Convention d’Istanbul », crée pour la première fois au niveau européen un cadre juridique contraignant en vue de protéger toutes les victimes de violences domestiques et de violences liées au genre, et de faire condamner les auteurs de telles violences. Les normes fixées obligent aussi les Etats qui ont ratifié la Convention à agir concrètement pour prévenir ces actes. Plus largement, la Convention d’Istanbul considère la violence à l’égard des femmes comme une violation des droits humains.
La Convention a été signée par l’UE en juin 2017, après que tous ses Etats membres l’avaient fait (la Belgique a signé en 2012 et l’a ratifiée en 2016). Ce n’est cependant que la première étape du processus d’adhésion à ce texte, et l’UE en elle-même ne l’a pas encore ratifié. « L’accession de l’UE à la Convention d’Istanbul demeure une priorité pour cette Commission », a assuré lundi un des porte-paroles de l’exécutif européen, Adalbert Jahnz. « Nous travaillons avec le Conseil pour terminer le processus d’accession de l’UE. C’est une convention importante, la violence envers les femmes n’a pas sa place dans l’UE », ajoute-t-il.
Pour l’eurodéputée Groen Petra De Sutter, il n’y a pas à hésiter: si la Pologne, où la convention est entrée en vigueur en 2015, décide de s’en retirer, il faut que l’UE lui coupe les fonds futurs de l’instrument de relance post-coronavirus. Le Conseil européen vient d’atteindre un accord sur ce fonds à 750 milliards d’euros, et il comprend un lien avec le respect de l’Etat de droit, mais cela reste bien trop « flou », déplore-t-elle. « Le gouvernement polonais écarte la convention comme une ‘création visant à légitimer l’idéologie homo’. Et entre-temps il espère avoir sa part du gâteau. En ce qui me concerne, on s’arrête là », indique-t-elle lundi. « Si la Pologne veut de l’argent du fonds de relance européen, elle doit respecter les droits des femmes ».
L’entièreté de l’article paru dans La Libre hier soir via ce lien : https://www.lalibre.be/international/europe/les-intentions-de-varsovie-de-se-retirer-du-traite-sur-les-violences-faites-aux-femmes-inquiete-l-europe-5f1ed62e7b50a677fb498a96